Portraits de Jeunes. A la découverte de la Jungle de Calais.
24 mars 2016C'est du 23 au 26 février 2016 que Pablo Le Guével s'est rendu dans la « Jungle de Calais ». En compagnie d'autres membres de l'association « Utopia56 », une association lorientaise, il s'est mobilisé afin de vider et nettoyer une partie du camp de migrants.
Afin de toucher et de présenter ses projets, l'organisation s'était réunie le mercredi 16 mars à 20h30 à la Maison Internationale située 7 Quai Chateaubriand à Rennes. « C'est grâce à une de ses réunions que j'ai découvert ça », explique Pablo. Après trois jours passé dans cette jungle, à ramasser ordures et débris, parfois aidés par les migrants, il ressort de cette épreuve avec l'envie d'y retourner. « Je ne peux pas être neutre, surtout depuis que je suis rentré de Calais avec la rage au ventre ! »
A ce jour, la Jungle qu'est-ce que c'est?
Environ 6792 migrants (selon les associations). Huit nationalités : Afghans, Soudanais, Érythréens, Koweïtiens, Kurdes, Syriens, Irakiens, Iraniens. 455 mineurs dont 326 isolés, sur environ quatorze hectares. Suite à la récente destruction d'environ 85% de la zone sud, ce sont plus de 3500 personnes qui se retrouvent sans abris. « L'Etat avait promis de ne pas toucher au lieu de vie. L'école est encore debout, mais les restaurants où on mangeait ont été détruits », note Pablo avec déception.
Derrière la misère quotidienne et dès la nuit tombée, c'est la drogue, la prostitution, et la mafia qui prennent le contrôle du camp. «Y'a pas de contrôle, on ne sait pas qui est là. Les islamistes qui sont passés essayent d'enrôler les mineurs isolés », confie-t-il.
Et les CAP (camps d'accueil provisoire) ?
« On sépare des familles, on mélange des cultures », explique-t-il quand on lui en parle. « Il y a aussi une prise d'empreinte à l'entrée ».« Le CAP de Calais est un dortoir impersonnalisable où ils ne peuvent pas cuisiner. La plus part viennent y dormir quelques heures avant de retourner vivre dans la Jungle ». Contrairement au camp de la Linière, installé par Médecins sans Frontières à Grande-Synthe, où les abris chauffés permettent de cuisiner.
Il est même surpris de ne pas voir plus d'accidents arriver dans la Jungle à cause des conditions de vie. « Ils cuisinent dans les casemates, y'a pas d'aération, c'est le système D. Parfois je trouve étonnant qu'il n'y ait pas le feu. »
Concernant les autres structures d'accueil, il ne trouve pas étonnant que la plus part des migrants ne soit pas intéressés. « Ce n'est pas intéressant pour eux de s'éloigner, explique Pablo, ils veulent rallier l'Angleterre ». Les CAO (Camps d'accueil et d'orientation), dispatchés dans toute la France sont généralement des camps de vacances. « Qu'est-ce qu'on fera d'eux quand il faudra les ouvrir cet été ? »
Il n'est d'ailleurs pas opposé à la destruction du site insalubre où galopent épidémie de gale et rats, il souhaite simplement qu'une solution viable soit envisagée pour les gens qui peuplent ce camp.
Lorsqu'on lui dit que c'est « courageux d'aller bosser dans la jungle », le jeune homme répond qu'il est plus difficile d'en ressortir. « Ramasser des ordures c'est simple, assurer le service après-vente est difficile ». « Je m'attends à avoir des ennuis pour activisme ou délit de solidarité, confie-t-il, y'a que des coups à prendre en dehors de la Jungle ». Afin de montrer aux gens sa vision de la situation, il compte retourner aider du 26 mars au 1er avril et s'armer de son appareil photo.